SÉRAPHINE DE SENLIS ... SÉRAPHINE LOUIS


 La première fois que j'ai vu une peinture de Séraphine de Senlis dans un livre consacré à l'art naïf, je suis restée interloquée, je n'avais rien vu de semblable. Je me suis intéressée à l'artiste. Peu de choses, existait sur elle jusqu'à ce qu'une exposition lui soit consacré au musée Maillol ainsi qu'un film avec Yolande Moreau en 2008. Après ce bref moment de gloire, Séraphine est retournée dans l'ombre de l'oubli.
  
Qui était Séraphine Louis, dite Séraphine de Senlis ?

Sa mère était une fille de ferme, on ne sait rien de son père, elle a été placée très jeune comme bonne à tout faire dans un couvent de Senlis, puis dans une famille bourgeoise. A ses rares moments de liberté, elle "communie" avec la nature, et voue un culte particulier à l'eau et aux arbres.
Un jour, à 42 ans, Séraphine dont la foi est devenue mystique, au fil des années,  entend, une voix qui lui ordonne de peindre.  Complètement autodidacte, personne n'a jamais réellement su quelle était sa technique toute personnelle  réalisé à partir de peinture Ripolin (Picasso et Braque n'ont-ils pas fait de même ?) d'herbes, de terre voire de sang.
Son œuvre est unique dans l'histoire de la peinture. Son goût du secret annonce déjà les délires paranoïaques qui vont l'emporter. Elle disait "Mon geste vient d'en Haut". Elle est habitée par sa passion pour la nature, les arbres et les fleurs. Séraphine était un peintre "inspiré". Inspirée par la vierge disait-elle, lorsqu'elle peignait ses bouquets de fleurs ou de fruits éclatants comme une promesse, enchanteurs comme dans les rêves, mystiques comme les vitraux des cathédrales gothiques, mystérieux comme le secret d'une âme jamais dévoilée. Elle parlait aux arbres, aux fleurs à la nature. Ses bouquets semblent avoir été peints de l'intérieur comme si dans sa transe mystique elle-même devenait fleur, fruit, feuille ou branche.
Le collectionneur allemand Wihlem Uhde, ami entre autres de Braque et de Picasso découvre une des ses œuvres chez ses employeurs. Il voit dans son œuvre l'exemple parfait du primitivisme moderne. Étonné par l'intensité qui se dégage de son œuvre il l'encourage à peindre et deviendra son mécène. 

Et puis son mécène a commencé à l'exposer et à vendre, sa vie a changé. Mais, elle, déjà si fragile psychologiquement, a décompensé lorsqu'au moment de la crise de 1929, l'art ne s'est plus vendu. Elle y a vu plus que le refus de son œuvre la négation de son être, elle qui s'était mise à dépenser sans compter pour elle et pour les autres, pour des objets résolument inutiles. Mais, sans doute pensait-elle qu'il  n'y avait  que le superflu qui soit indispensable ?


Séraphine Louis, comme son œuvre sont tombés dans l'oubli comme tout ce qui en art dérange par trop de simplicité. Il ne faut pas des milliers de lignes pour décrire sa peinture, ni de thèses comme celles qui défendent la monochromie noire ou bleue d'un Soulages ou d'un Klein. Elle peignait ses bouquets illuminés de grâce le soir à la chandelle après ses épuisantes journées de ménage ou de lessive au lavoir par tous les temps.
Séraphine Louis a terminé ses jours dans un hôpital psychiatrique, en 1942. Plus jamais elle n'y a repris ses pinceaux. Il reste d'elle environ 70 à 80 œuvres... 
Séraphine Louis est morte, probablement de faim, à l'asile de fous (oui ça s'appelait comme ça à l'époque) en 1942.



Séraphine de Senlis Le vase de lilas


Séraphine LOUIS l'arbre de vie


 Séraphine de Senlis les marguerites


 Séraphine Luis les raisins




Séraphine LOUIS dite Séraphine ou Séraphine de Senlis en 1920